Qu'est-ce qu'un manga?
Manga est un terme générique qui désigne une grande variété de bandes dessinées et de romans illustrés produits et publiés à l'origine au Japon.
Contrairement aux bandes dessinées européennes, qui sont généralement imprimées en couleur, les manga japonais sont presque toujours en noir et blanc.
Les impressions en couleur ne sont souvent utilisées que pour les sorties spéciales.
Le manga japonais se lit de droite à gauche plutôt que de gauche à droite. Il peut être difficile de s'y habituer si vous n'avez jamais lu que des publications en anglais, car vous avez souvent l'impression de "lire à l'envers", mais vous ne vous en rendrez guère compte une fois que vous aurez suffisamment pratiqué.
Une tradition graphique du 8è siècle
Les Japonais, qui grâce à l’écriture entretiennent depuis l’enfance un rapport privilégié avec le dessin, sont les héritiers d’une tradition picturale élaborée, que révèlent les premières œuvres graphiques datées du 8 ème siècle.
Dès cette époque et jusqu’au 14è siècle, les artistes ont développé une technique de dessin nommée e-makimono : ces images peintes sur des rouleaux de papier longs de plusieurs mètres, agencées en séquences, racontaient des légendes, des anecdotes de guerre, des scènes de la vie quotidienne.
Les origines du manga pourraient ainsi remonter aux Chôjû-giga (littéralement « caricature de la faune »), quatre célèbres rouleaux d’e-makimono du 8 ème siècle.
Attribuées au moine bouddhiste Toba Sojô (1053-1140), ces peintures satiriques représentaient des animaux (lapins, grenouilles, singes, chevaux, etc.) dans des postures humaines, dans une suite de saynètes humoristiques. On y retrouve l’économie du trait qui caractérisera les œuvres d'art graphiques japonaises jusqu’aux mangas.
1814 l'invention du mot manga
C’est en 1814 que le peintre Hokusai Katsushika, grand maître de l’estampe japonaise, invente un mot pour désigner ses carnets de croquis, caricatures et études diverses qu’il réunira dans une encyclopédie en 13 volumes (1814-1848 et 2 volumes posthumes) : la Manga, néologisme issu de deux idéogrammes chinois, man et ga, qui signifie « dessins foisonnants», et qu'on traduit aussi par « images dérisoires » ou « dessins grotesques ». Ces dessins représentaient en effet des personnages aux expressions grimaçantes et aux physionomies comiques, caractéristiques que l’on retrouvera dans le manga des temps modernes.
1860 influence de l'occident
CLe manga, tel que nous le connaissons aujourd’hui, est issu de cette tradition graphique japonaise et des influences occidentales survenues au milieu du xixe s.
Vers 1860, le Japon ouvre en effet ses frontières au monde et importe de nouvelles techniques d’illustration, notamment en matière de dessins de presse politiques, qui vont profondément influencer les dessinateurs nippons.
Un Britannique, Charles Wirgman (1832-1891), correspondant pour le quotidien The Illustrated London News, s’installe à Yokohama en 1861 et fonde l’année suivante un magazine satirique : The Japan Punch.
Il intègre dans ses pages des caricatures de style occidental, surnommées ponchi-e (« dessins à la Punch »). En 1882, suivant les traces de Wirgman, le Français Georges-Ferdinand Bigot (1860-1927) publie de nombreux recueils de dessins satiriques, dont le plus connu demeure Tôbaé.
Le procédé séduit les illustrateurs japonais qui, en l’enrichissant de références et de calembours du cru, n’hésitent plus à critiquer ouvertement le pouvoir, ce qui était interdit depuis le Shogounat.
Le genre fait fureur. Dans les années 1890, le terme (alors plutôt péjoratif) de ponchi-e est remplacé par le mot manga.
1950 Début popularité
Au début des années 1950, les mangas connaissent un essor considérable dû en partie au besoin du peuple de se divertir pour oublier les difficultés d’une vie quotidienne marquée par la pauvreté..
Peu onéreux, alliant humour et fantaisie, de nouveaux magazines se multiplient et se livrent à une rude concurrence.
En 1955, les éditeurs commencent à publier des séries complètes précédemment parues en épisodes dans ces magazines. Ces volumes de poche (tankô-bon) deviennent rapidement très populaires ; le principe dès lors s’imposera sur le marché du manga.
C’est également à cette époque que sont créés les kashibon manga, librairies-bibliothèques ambulantes proposant la location payante de mangas.
Cette révolution est due au mangaka (dessinateur de mangas) Osamu Tezuka grâce à la Nouvelle Île aux trésors, Astro Boy (connu sous le nom d'‹ Astro le petit robot ›), Jungle Tateï (le Roi Léo) ou encore Black Jack.
Ce maître du manga touche à tous les styles et à tous les thèmes, et la griffe tezukienne influence toujours les créateurs. Ses personnages, aux grands yeux si caractéristiques, portent la marque de l'admiration de Tezuka pour le dessin animé Bambi, de Walt Disney.
L'explosion des années 1980-1990
Entre les innovations graphiques de Tezuka et les renouvellements thématiques du gekiga, le manga s’est diversifié selon les goûts d’un lectorat de plus en plus nombreux et varié. À partir des années 1980, grâce à sa diffusion en prépublication dans des magazines bon marché, il touchera toutes les classes sociales et toutes les générations.
Le genre aborde aujourd’hui une multitude de thèmes : de la romance au récit de science-fiction, de la satire sociale aux épopées historiques, du conte initiatique au journal intime, de l’épouvante à l’érotisme.
Il peut même prendre la forme de manuels pratiques pour apprendre à bricoler, jouer au football ou faire la cuisine ! Cette extrême diversité, associée à un prix de vente modeste – le manga est publié en petit format sur du papier de qualité médiocre qui engendre un faible coût de production – fait de lui un phénomène d’édition : il représente actuellement environ 40 % du marché de l’édition japonaise, soit deux milliards de livres et de magazines de bandes dessinées par an.
Phénomène d’édition, voire de société, car on parle désormais de « culture manga », laquelle englobe le film d’animation, la musique, la mode vestimentaire et le design.